Initiative, conception et mise en oeuvre de projet 
aménagement de réserves d’eau en Grande Comore - M'Vouni

  • mission du Programme des Nations Unies pour le Developpement, PNUD/FAO
  • en lien avec les différents projets P.A.M., UNICEF et le Ministère Comorien de la Production Agricole, de l’Industrie et de l’Artisanat.

Je suis arrivé aux Comores un peu par hasard. Une histoire de voilier à remettre en état. Le but était de naviguer entre les îles, puis de repartir vers la méditerranée en remontant la côte est de l’Afrique. Très rapidement, je me suis intéressé à ce pays magnifique parmi les plus pauvres au monde, à ses habitants, à une société insulaire multiculturelle, africaine et musulmane. Ma rencontre avec un responsable du PNUD aux Comores m’a permis d’initier ce projet, qui s’est construit et développé pas à pas, pendant près de deux ans.

aménagement de réserves d'eau

  • Il a fallu au départ fédérer 350 femmes de trois villages dans la région de M’Vouni, sur les hauteurs de Moroni, capitale de la République Fédérale Islamique des Comores. Mais aussi recenser leurs besoins et leurs motivations. Elles cultivaient toutes individuellement leur production maraîchère. Avec beaucoup de diversité dans les pratiques, leurs besoins en eau ou la mise en vente de leur production sur le marché de Moroni. Il s'agissait de gagner la confiance et le respect des villageois et de réajuster en permanence le projet à la réalité du terrain. L’instauration de ce climat de confiance a favorisé l’appropriation du projet par les femmes pour faire naître l’idée d'une mutualisation et la création d’une coopérative. 
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  • La coordination et la direction du projet a nécessité le recrutement d'artisans de différents corps de métiers, l’ouverture de voies d’accès carrossables, l’approvisionnement en matériel du chantier. Il fallait aussi mettre en débat avec les femmes les enjeux collectifs de l'aménagement des réserves d'eau. Toutes les décisions étaient prises par vote à main levée dans de grandes assemblées. L'occasion pour moi d'approfondir mon apprentissage du shingazidja, langue parlée en Grande Comore. Nous avons pu remettre en état plusieurs citernes datant de la période coloniale française toutes envahies par la végétation, créer des réserves d'eau incluant des périmètres de sécurité, aménager des impluviums pour les alimenter, drainer les eaux de pluie, construire une fontaine d'eau syphoïdale propre à la consommation humaine et réhabiliter les restes d'une bâtisse pour ouvrir un lieu, une maison commune.
  • Les femmes ont pu participer à des cours de vulgarisation sur l'amélioration des pratiques maraîchères et les enjeux de la coopérative. Il s'agissait surtout de créer une dynamique collective, un lien permettant d’assurer à la fois la pérénité du projet et un auto-encadrement des femmes, en plus bien sûr de l'augmentation significative de leur pouvoir d’achat. Le projet a donné lieu à un rapport de mission salué par la FAO et le PAM.
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  • Il n’y avait pas à la mission du PNUD aux Comores, la moindre ligne budgétaire pour financer un projet d’initiative locale. Son montage financier s'est fait pas à pas, en mobilisant les partenaires locaux : la FAO, le Ministère Comorien de la Production Agricole, mais aussi des missions UNICEF en visite à Moroni. La rémunération des personnes qui travaillaient sur le projet était prise en charge par le PAM (programme alimentaire mondial).
    Pour mener le projet à son terme, nous avons du organiser parallèlement avec l’appui d’amis musiciens comoriens, des concerts et des événements solidaires dont les recettes alimentaient le projet.
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  • Quelque temps après, alors que je proposais ma candidature pour un projet initié par le Ministère de la Coopération française, j'ai été invité poliment par l'administration Comorienne à quitter le territoire sous dix jours. Une expulsion probablement dûe à mes amitiés politiques avec les anciens réseaux d'Ali Soilih...

contexte politique

  • Je suis arrivé en Grande Comore sous le règne du mercenaire Bob Dénard, quelques années après qu’Ali Soilih ait renversé Abdallah. C’était le poulain de Debré qui renversait celui de Foccart. Sa révolution a cherché à moderniser culturellement et économiquement la société Comorienne, en se dressant autant contre un pouvoir patriarcal local que contre la main mise de la France sur l'archipel des Comores et de Mayotte notamment. Ali Soilih, profondément soutenu par la jeunesse du pays, déjouera plusieurs complots visant à l’assassiner. Le pire arrivera le 13 mai 1978.
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  • Trente mois après avoir aidé à renverser Abdallah pour Ali Soilih, Denard fait passer les Comores par le chemin inverse. Le Président Abdallah revient au pouvoir et reste une marionnette. La République Islamique des Comores se rapproche du gouvernement Sud Africain de l’apartheid qui finance la Garde Présidentielle créée par Denard. Ainsi, il obtient six cent hommes dirigés par trente mercenaires européens. Denard dirige officieusement les Comores, entreprend des affaires durant ces années et obtiendra un chiffre d’affaires de plus de 38 millions d’euros. Plusieurs tentatives de coup d’état seront organisés. En novembre 1989, Denard arrive à renverser Abdallah. Les circonstances de la mort d'Abdallah restent mystérieuses mais on sait que Denard était présent sur les lieux.